EVOLUTION REVOLUTION LOVE À BEYROUTH ET GAZA

★ À Beyrouth aussi, à proximité des camps de réfugiés palestiniens, le rêve de révolution continue de s’écrire sur le béton des murailles.

REVOLUTION sur les murs de Beyrouth, 2023, DR

C’est Leila Shahid, rencontrée en 1974 à Paris grâce à Tahar Ben Jelloun, qui avait emmené Jean Genet avec elle à Beyrouth. Le siège de Beyrouth venait de s’achever, et ensemble, alors qu’ils venaient d’arriver, ils avaient vu d’abord les blindés israéliens passer en trombe sous leurs yeux. Et puis, une fois la nuit tombée, ils avaient vu les bombes israéliennes s’abattre en rafale sur les camps de civils palestiniens. Trois jours de cauchemar pour aboutir à un massacre impossible à raconter.

Jean Genet

Cela fait plus d’un demi-siècle que l’armée israélienne massacre des civils palestiniens pris au piège de la misère et de l’exil. Qu’un État puisse ainsi programmer le malheur d’un peuple jeté dans la mort collective n’a fait qu’engendrer des générations de combattants obsédés par l’idée de vengeance. D’instinct, Genet s’est fait leur allié.

Comme plus tard Stéphane Hessel, qui n’a jamais cessé d’alerter nos consciences. L’un et l’autre demeurent ces deux fantômes hurlant dans la nuit, sans autres armes que les mots qu’ils écrivaient pour nous : Genet pour commencer : «Toutes les nouvelles que je lisais sur les Palestiniens m’étaient apportées par la presse occidentale ; depuis longtemps, le monde arabe était présenté comme l’ombre portée du monde chrétien ; et, dès mon arrivée en Jordanie, je me suis aperçu que les Palestiniens ne ressemblaient pas à l’image qu’on en donnait en France. Je me suis tout d’un coup trouvé dans la situation d’un aveugle à qui on vient de rendre la vue. Le monde arabe qui m’était familier, dès mon arrivée, me parut beaucoup plus proche qu’on ne l’écrivait.»

Stéphane Hessel en 2013, qui dénonçait les violences de l’armée israélienne à Gaza.

Les mots de Hessel ensuite, qui continuent de résonner commeune prémonition dans l’enfer de Gaza : «Tous responsables, tous coupables de n’avoir pas été suffisamment sévères à l’égard des violations graves qu’Israël apporte depuis 40 ans au droit international». Avant tout, il parlait de la «brutalité incroyable [de l’armée israélienne] qui rappelle Srebrenica ou la Tchétchénie…» Et plus loin dans le même texte : «Je n’aurais jamais cru que cela serait possible, je suis scandalisé, indigné et très malheureux pour la bonne conscience éventuelle de nous autres juifs et de l’Etat d’Israël, bonne conscience qui ne peut pas subsister après les massacres qui ont été pratiqués entre le 27 décembre et le 19 janvier». Encore une fois, il finissait par rappeler une évodence qui reste incontournable aujourd’hui, en 2024 : «la sécurité à long terme d’Israël n’est que s’il y a un véritable Etat palestinien… »

Hessel & Genet : que leurs deux fantômes nous accompagnent dans la lutte contre le génocide que mène le gouvernement d’Israël sous nos yeux.

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